Pour évoquer en chanson le Nordeste, Luiz Gonzaga, « le roi du baião », s’impose comme une figure incontournable.
Né en 1912 dans une famille de paysans du Pernambouco, Luis Gonzaga s’intéresse très tôt à l’accordéon de son père, qu’il accompagne au tambour dans les fêtes de village.
Engagé volontaire dans l’armée en 1930, il voyage à travers tout le Brésil pendant 9 ans avant de s’installer à Rio de Janeiro.
Il se produit dans les bals populaires où il commence par jouer les musiques en vogue à l’époque (boleros, valses, tangos …) avant de se spécialiser dans l’interprétation des standards nordestins*, devenant le chanteur emblématique d’une communauté d’émigrés déracinés et nostalgiques de leur terre natale.
Il accède à la notoriété grâce à la radio, et rencontre un grand succès jusque dans les années 50, date à laquelle la bossa nova commence à éclipser les autres styles musicaux.
Il continue à se produire, principalement dans les villes de l’intérieur du pays, jusqu’à sa mort, en 1989.
Il jouit toujours d’une formidable popularité auprès des Brésiliens de tous milieux et de toutes origines.
Asa Branca, baião composé en 1947 avec Humberto Teixeira, est son plus grand succès, et constitue un véritable hymne nordestin.
La chanson évoque la sécheresse qui sévit régulièrement dans le sertão, l’intérieur aride du Nordeste, contraignant ses occupants (même les oiseaux, dont la colombe aux ailes blanches, la « asa branca ») à le fuir.
Il existe une suite à cette chanson, intitulée « a volta da asa branca » (le retour d’aile blanche).
Egalement composée par Luiz Gonzaga, elle parle du retour des « retirantes » qui reviennent dans le sertão après la sècheresse pour y recommencer leur vie.
* Les musiques du Nordeste sont connues sous le nom générique de « forró », genre musical lui-même composé de sous-genres : « xaxado », « baião », « chamego », « coco » ou encore « xote ».
Asa Branca
Luiz Gonzaga
Paroles et traductions :
Quando olhei a terra ardendo
Qual fogueira de São João
Eu perguntei a Deus do céu, uai
Por que tamanha judiação
Que braseiro, que fornaia
Nem um pé de prantação
Por farta d’água perdi meu gado
Morreu de sede meu alazão
Inté mesmo a asa branca
Bateu asas do sertão
« Intonce » eu disse adeus Rosinha
Guarda contigo meu coração
Hoje longe muitas léguas
Numa triste solidão
Espero a chuva cair de novo
Para eu voltar pro meu sertão
Quando o verde dos teus olhos
Se espalhar na prantação
Eu te asseguro não chore não, viu
Que eu voltarei, viu
Meu coração
Quand j’ai vu la terre ardente
Comme un feu de la Saint Jean
J’ai demandé à Dieu du ciel, hé
Pourquoi une telle trahison
Quel brasier, quelle fournaise
Pas une seule plantation ne subsiste
Faute d’eau, j’ai perdu mon troupeau
Mon cheval est mort de soif
Même l’aile blanche
S’est enfuie du sertão
Alors j’ai dit adieu Rosinha
Garde mon coeur avec toi
Aujourd’hui, à des lieues de là
Dans une triste solitude
J’attends que la pluie tombe de nouveau
Pour retourner dans mon sertão
Quand le vert de tes yeux
Se répandra dans les plantations
Je t’assure, ne pleure pas, d’accord
Car je reviendrai, tu vois
Mon cœur