Randonnées en Bolivie

La Paz, plus haute ville du monde

Reprenez votre souffle ! Vous êtes à La Paz, capitale la plus haute du monde, établie entre 3200 et 4000 mètres d’altitude.

En arrivant de l’altiplano, on découvre brusquement, au pied des majestueux sommets des Andes dont les cimes enneigées culminent a plus de 6000 mètres, l’énorme cuvette abritant cette métropole grouillante de plus d’un million et demi d’âmes.

Fondée par l’Espagnol Alonzo de Mendoza en 1548, pour servir de relai entre les riches villes de Cuzco et de Potosí, La Paz quittera peu à peu ce rôle pour supplanter Sucre, la capitale constitutionnelle, et s’imposer vers 1890 comme le centre politique de la jeune Nation, indépendante depuis 1825.

Cité indienne, La Paz est aujourd’hui indiscutablement la capitale du pays : siège du gouvernement, des assemblées, de l’église, de la vie culturelle.

Le voyageur découvrira aujourd’hui une ville intrigante où s’entremêlent, dans un rapport dont l’harmonie est souvent absente, le moderne et l’ancestral, l’occidental et l’autochtone, l’hispanique et l’indigène. Ville éminement métissée et contrastée, elle est en cela le parfait échantillon d’un pays tout entier. Du quartier des marchés, bariolé de couleurs et rempli d’odeurs, on traverse quelques rues pour se retrouver au coeur du quartier historique, devenu centre d’affaires. Deux mondes indifférents l’un à l’autre, qui coexistent a 200 mètres de distance et dont le seul point commun est le chaos permanent et bruyant qui les caractérise.

Puis les quartiers se font plus riches au fur et à mesure que l’on descend, là où l’oxygène se fait moins rare et la température plus clémente.

Focus sur les Alasitas, fête traditionelle de la Paz

Tous les ans à La Paz, au mois de février, a lieu un grand rendez-vous populaire, mélange de ferveur religieuse et de croyances indiennes, la fête des Alasitas.

Les « Alasitas », qui signifie « achète-moi » en langue aymara, est une réunion de milliers d’artisans, qui, avec leurs mains habiles, transforment la matière première en objets miniatures qui seront vendus durant la fête.

Chacun de ces objets symbolise un rêve qui, selon la tradition, se réalisera dans l’année. C’est la cohue devant les étalages. Celui qui projette d’ouvrir son épicerie se procurera tous les produits de première nécessité… Un autre rêve de construire sa maison ?…  il achètera des mini-sacs de ciment qui tiennent dans une main… Un autre veut devenir guide de montagne ?… il se procurera des montagnes miniatures ou un piolet miniature…

Pour tous les Indiens des alentours de la Cordillère Royale, assister à la feria signifie s’illusionner avec des voitures qu’un jour ils conduiront, une fiancée qu’un jour ils marieront.

Quoi de mieux que d’imaginer en vrai un faux billet d’avion, tout en prenant un « api » chaud, boisson à base de mais, et une « empanada » au fromage ?

Ensuite, au cours d’une procession haute en couleurs, chacun de ses objets devra être béni par le « Kallawaya », sorte de sorcier médecin respecté par les autochtones (originaire de la Cordillère d’Apolobamba, au nord du lac Titicaca). C’est le grand moment. Un concert d’illusions où chacun pense à ses rêves : la maison, la maladie guérie, le diplôme, la voiture, l’amour.

La fête des Alasitas tire son origine dans la légende aymara de l’Ekeko (Dieu de l’Abondance), personnage charismatique représenté par un petit bonhomme moustachu, à l’air jovial, devenu riche à force de bonne fortune. En le célébrant, on attire la chance pour réaliser ses vœux de l’année. Tout se déroule sous sa protection, pour que ne manque ni pain, ni verre d’huile ni sardines dans les foyers et pour que la feuille de coca sacrée guide les pas. L’Ekeko est populaire, généreux et compréhensif. Sa moustache marque la sincérité de son sourire. Il porte un chapeau du style des Mallkas et des sandales pour montrer ses origine andines. En l’Ekeko, on retrouve toute la capacité créative du peuple andin, contaminant de sa foi la bourgeoisie pour faire des « Alasitas » la rencontre de tout un peuple où certains vont donner et d’autres recevoir.

Plus qu’un simple folklore, Les « Alasitas » sont un élément vital de la culture andino-aymara métissée de La Paz. Elle donne lieu à un rassemblement populaire massif dans la cité andine de La Paz (80 % de population indienne), et démontre à elle seule la réalité vivace de vieilles croyances populaires, au milieu de danses, de chants et de célébrations diverses.