Un peuple n’est pas vaincu si sa culture perdure à travers le temps.
Voilà une affirmation qui trouve une excellente illustration à travers l’histoire des Boruca.
Ces autochtones, maîtres d’une grande partie de la côte pacifique du Costa Rica à l’arrivée des conquistadors, furent victimes (comme tous les peuples amérindiens) de ce choc civilisationnel : ségrégation, exactions, jusqu’à l’extinction pour la plupart.
Les Boruca ont survécu (on en dénombre aujourd’hui plus de 2600 dans les montagnes de Talamanca) et leur culture avec eux, qui s’exprime notamment à travers le tissage, la peinture et la création de masques spectaculaires.
Le coton est filé à la main selon un rite ancestral. Il est teint à l’aide de produits naturels comme des racines de curcuma (orange) ou encore de graines d’achiote ou roucou (rouge).
Des couleurs qui sont aussi utilisées dans la peinture, très présente dans la culture boruca.
L’art pictural, expression de la spiritualité boruca, est utilisé pour représenter leur relation avec la nature, et ses éléments.
La faune et la flore sont aussi représentées dans ce qui constitue aujourd’hui la source principale de revenus de la communauté : les masques traditionnels.
Les masques, symboles de la culture boruca
L’identité Boruca est liée à un fort respect pour l’Histoire et les histoires de la tribu.
Initialement, les masques étaient confectionnés dans l’unique but d’être arborés lors de la ‘fiesta de los diablitos’, littéralement ‘la fête des petits diables’.
Célébrée tous les ans du 30 décembre au 2 janvier, elle commémore la lutte acharnée des Boruca contre les conquistadors.
Durant 4 jours, les diablitos, affublés des masques effrayants, affrontent à travers des danses et des jeux le taureau, symbole de l’oppression espagnole.
Plus qu’un simple festival, ces cérémonies permettent de communiquer avec les esprits des guerriers Borucas, remerciés pour avoir lutté pour la liberté.
Les masques sont taillés dans du balsa (plus rarement dans de l’acajou amer), avant d’être polis puis de passer dans les mains des peintres.
Magnifiques de couleurs, ils représentent le plus souvent des animaux extraordinaires et terrifiants.
Authentique expression d’une tradition qui perdure, ces masques sont devenus l’un des emblèmes du Costa Rica.
La langue boruca a peu à peu disparu.
Aujourd’hui, bien que le Boruca soit enseigné à l’école, la communication de tous les jours s’effectue en espagnol.
Boruca, autrefois ‘Brunca’ est composé de brún̈ qui signifie ‘cendres’ et de -ca ou -c a qui signifient ‘intérieur de quelque chose’.
Le nom d’un peuple qui renaît de ses cendres ?