Randonnées dans le Nordeste

Le candomblé : des cultes et rituels africains au Brésil

Si le Brésil représente un kaléidoscope ethnique, Salvador, ville aux origines spirituelles, a la particularité de nous évoquer le cœur de l’Afrique. Elle nous renvoie à la période de l’esclavage des Africains au Brésil.

Salvador de Bahia vit autour de la religion, que ce soit l’église catholique, l’église protestante, l’église évangélique ou bien même les terreiros, lieux de culte du candomblé.

Le candomblé est une religion qui a trouvé son essor à Salvador. Arrivé d’Afrique durant le colonialisme, le candomblé, mélange de diverses influences spirituelles, était pratiqué par les esclaves comme un instrument de lutte contre la domination et l’exploitation des blancs sur les noirs. Créant un véritable lien communautaire, les colons interdisaient aux esclaves de pratiquer le candomblé, craignant de voir ces pratiques renforcer leur identité.

Afin de contourner ces interdictions, les esclaves ont donné des noms et une apparence catholique aux divinités africaines. Ils ont ainsi pu vénérer leurs propres dieux sous les traits d’un saint.

Bien qu’il ne soit plus nécessaire aujourd’hui de se cacher pour pratiquer le culte du candomblé, il est de coutume de continuer de donner le nom d’un saint catholique aux divinités.

Le candomblé a longtemps été condamné d’une part par les autorités coloniales, car vu comme un vecteur de solidarité et de force pour les esclaves, et d’autre part, par l’église qui n’y voyait que sorcellerie et vaudou.

Les nations du candomblé

Les populations Africaines, envoyées comme esclaves au Brésil, sont issues de diverses régions d’Afrique de l’Ouest. Chacune possède un ensemble de rituels qui leur est propre. Cela a permis de distinguer des « groupes » religieux qui ont été définis comme des « nations » au sein du candomblé.

Le candomblé, spécialement à Salvador de Bahia, est une religion « pratiquée par trois nations : ketu/nagô (iorubá) ; angola/congo (bantu) e jeje (fon/ewê) » (AMARAL, 2009, p. 40).

Encore aujourd’hui, ces trois nations ont gardé leur terminologie d’origine, preuve de la résistance au fil du temps du culte du candomblé, malgré les difficultés passées.

Il existe entre chaque nation un socle commun : la nature. Base de tous les cultes, elle est représentée par les éléments de la Terre : le feu, l’eau et l’air. Chaque Orixá (dieu du candomblé) se caractérise par un de ces éléments.

Les Orixás

Chaque nation du candomblé possède une puissance divine spécifique qui est considérée comme LE dieu de la nation. Mais toutes les nations honorent plus d’une centaine de divinités.

Selon les croyances, chaque être humain possède un Orixá protecteur dès sa naissance. Il peut à tout moment avec l’aide d’un officiant d’un terreiro (lieu de culte du candomblé) entrer en contact avec son Orixá.

Les terreiros

C’est dans les terreiros que se déroulent les cérémonies du Candomblé.

La « fête du candomblé » consiste à célébrer une divinité, qui sera de ce fait « A dona da festa » (la patronne de la fête). Cette cérémonie se déroule en trois étapes bien définies : l’appel des divinités, la danse des divinités et les tambourinaires. Lors de ces cérémonies les fidèles rendent hommage et appellent les divinités à travers des chants, de la musique et des danses (comme la capoeira qui est influencée et qui possède une structure identique aux musiques du candomblé).

Un terreiro est dirigé par un « babalorixá », il représente la plus haute fonction religieuse du candomblé. Un « babalorixá »possède la responsabilité spirituelle en lui. Il est le « pai de santo » (père de saint) ou la « mãe de santo » (mère de saint). En effet, ce chef peut être un homme ou une femme, « babalorixá » pour un homme et « Ialorixá. » pour une femme.

En plus de toute la partie spirituelle, le chef du terreiro a beaucoup d’autres attributions comme administrer les cérémonies des baptêmes, des mariages, des obsèques, s’occuper de l’établissement, définir la ligne directrice du terreiro dont il est à la tête.

Aujourd’hui, le candomblé

Autrefois symbole de lutte et de rébellion par les esclaves Africains pour affirmer leur identité, aujourd’hui le candomblé renvoie principalement à des pratiques religieuses venues d’Afrique. Cependant, il a incontestablement trouvé sa place au Brésil et plus particulièrement dans le Nordeste où il est omniprésent dans la culture bahianaise : lors du carnaval, la majorité des blocos (chars de musique) afro ont un lien étroit avec un terreiro, autant dans les chants que dans les danses, on peut trouver des références aux rituels du candomblé.

L’acarajé, cette spécialité afro-brésilienne, typique de l’état de Bahia, est considérée comme une nourriture sacrée : elle serait une offrande aux Orixás durant les cérémonies du candomblé.

Bien qu’aujourd’hui la constitution brésilienne autorise la pratique de toute religion, il est nécessaire d’enregistrer auprès de l’Association des cultes Afro-Brésiliens, toutes cérémonies du candomblé. Dans un premier temps, cela permettait un contrôle par les autorités de la pratique du culte mais actuellement cette répertorisation permet le développement d’un tourisme des terreiros et de ce fait la diffusion de la religion du candomblé.

« Le candomblé est pour moi très intéressant comme religion de l’exaltation de la personnalité. On peut y être véritablement comment on est, et non comme la société prétend que le citoyen fût. Pour les personnes qui ont envie de s’exprimer à travers leur inconscient, la transe est une possibilité que l’inconscient a pour se montrer. »

Définition du candomblé donnée par Pierre Verger (Photographe, ethnologue français).